Acte I : Le Pavillon Désauté, une demeure normande façon « Manor house »



Il a fière allure le Pavillon Désauté ! Niché dans un décor de verdure, il est à la fois prégnant et discret. Rénové non sans talent depuis 2018, il incarne avec panache, romantisme, esprit vintage et charme anglais. Je vous propose la visite de cette maison de famille où le temps est comme suspendu, comme happé par une douceur de vivre aussi délicate que pétillante.

    Dès que l'on s'aventure dans le parc de la propriété, on semble transporté outre-manche avec en ligne de mire, protégée par des arbres centenaires, cette demeure édifiée en 1887, aux belles proportions et à la symétrie parfaite.




 Une belle demeure normande façon "cottage" anglais


On la croit tout droit sortie de l'univers de la littérature anglaise  des siècles passés... Telle Longbourne, la résidence familiale des Bennet chez Jane Austen ou Fernly Park, sise à King's Abbot et propriété de Roger Ackoyd dans un des opus de la célèbre romancière Agatha Christie.





 Tous les codes et le charme de ces cottages ou manoirs y sont au rendez-vous. La brique bien-sûr, quoique ici adjointe de silex eu égard à la proximité des falaises, une élégance charmante, l'environnement champêtre et sa situation enfin, légèrement en retrait du monde. La confession de l'autrice Jane Austen concernant sa propre maison, Chawton Cottage, Pauline, la propriétaire du Pavillon Désauté, aurait pu aisément la lui emprunter. 

« Rien n'est plus rafraichissant que d'être assis à l'ombre, un jour ensoleillé et d'admirer la verdure. » 





 La romance entre M. Darcy et Elisabeth aurait pu trouver comme berceau cette maison de campagne élégante... Mais c'est une toute autre histoire qui s'y est écrite depuis quatre ans, toute aussi délicieuse entre Pauline et Yoanick qui ont su, avec délicatesse, redonner une nouvelle jeunesse à cette grande dame du XIXème siècle quelque peu érodée par le temps tout en préservant sa silhouette d'origine. 



Cette maison, ils en avaient rêvé. Dès le début de leur histoire, ils avaient eu pour projet de rénover une vieille bâtisse. A défaut de trouver à l'époque la perle rare, ils avaient fait construire pour accueillir leur famille à venir. Mais le moment tant attendu du rendez-vous avec LA maison eut lieu un beau jour, comme un clin d'oeil de la vie. Ils savaient que ce serait elle. Ils savaient que c'était une folie mais comme se plait à le dire Pauline en reprenant les dires d'Oscar Wilde : 


« Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais ! ».


 Après un an de négociation, de rêve et de projets en filigrane, elle fut enfin leur.



Rénover l'ancien sans le dénaturer


 Cette vieille bâtisse typique du pays de Caux, qui n'avait presque pas changé depuis sa création étaient une aubaine pour ces deux jeunes amoureux des vieilles pierres. Seule la tourelle d'origine, détruite durant la Seconde Guerre Mondiale, n'était plus. Ils allaient pouvoir écrire, à partir d'une page blanche, une nouvelle romance, avec le souhait le plus intime de ne pas la dénaturer, de la repenser avec tout le confort moderne et garder au final la plupart de ses éléments d'origine. Afin de lui donner un nouvel éclat, la façade a été nettoyée, les dix-huit fenêtres et les deux portes ont été changées. 


Toutes ces améliorations concernent l'extérieur mais à l'intérieur, c'est un travail d'une toute autre ampleur qui a eu lieu. L'ancien propriétaire ne vivait qu'au rendez-de-chaussée dans un confort plus que sommaire, sans système de chauffage. Il a donc fallu repenser entièrement l'affectation des pièces... et chiner des radiateurs en fonte pour qu'ils paraissent avoir toujours été là, quitte à parcourir tout le département pour les trouver !


 Les sols, faits de parquets et de somptueux carreaux de ciment, qui ont d'emblée fait craquer Pauline et Yoanick à la première visite, ont été tout naturellement conservés. 






Seul le carrelage de la cuisine trop abîmé a du être remplacé. La vie à bord dans les premiers temps, avec les enfants en bas âge, ne fut pas des plus simples. Stratégiquement, Yoanick, improvisé chef de chantier a décidé de rénover pièce par pièce pour offrir à sa famille des pièces achevées... et pour garder le moral tant la tâche allait être ardue. Sans se décourager, avec passion et talent, cet adorable couple a su métamorphoser avec grand respect les 130 m2 de cette maison.










Des éléments vintage 


Leur ligne de conduite était simple : utiliser, à part les huisseries, des matériaux ou objets chinés de récupération par principe et par choix décoratif. De la baignoire, en passant par les portes intérieures, les vitraux, le mobilier, ou même certains jouets des enfants, tout a été débusqué dans des vide-greniers, brocantes ou autre sites internet d'occasion, et même dans les deux granges de la propriété dans lesquelles l'ancien propriétaire gardait tout, même des trésors. 







La pièce maîtresse est bel et bien l'ancienne porte d'entrée qui est devenue, en gardant toute sa majesté, une porte de placard grandiose dans la nouvelle salle de bain.







Une décoration romantique

Au final, après de nombreux mois de travaux réalisés par les propriétaires eux-mêmes, le résultat est au-delà des attentes : une décoration aboutie, où chaque objet est à sa place dans un souci du détail et d'une harmonie d'ensemble tellement agréable. Le fil rouge de cette décoration que l'on pourrait qualifiée de romantique, sans mièvrerie aucune, est le vert en réponse à l'environnement naturel de la maison, au magnifique jardin. 









Cette déclinaison de camaïeu de verts, mélangées à d'autres tonalités toutes plus douces les unes que les autres, plonge les pièces dans une douceur particulièrement accueillante et apaisante.



 La référence aux codes de l'Angleterre partageant sans aucun doute son identité avec les contrées normandes apparaît encore plus notable à l'intérieur. Les papiers peints savamment choisis par Pauline offrent des décors floraux délicats. 









Les thèmes notamment du célèbre William Morris, représentant du non moins célèbre mouvement décoratif anglais « Art & Crafts » arborant entrelacs et motifs floraux, s'harmonisent avec bonheur avec les tissus des canapés et fauteuils aux proportions accueillantes, les broderies, patchworks ou canevas d'antan si chers à la propriétaire.




 Du reste, la décoration de cette maison lui ressemble : authentique, simple et charmante. Elle est à la fois singulière, sans prétention, délicate et réconfortante. Les tons pastels vous enveloppent d'une douceur folle. « La vie est trop courte pour avoir des murs blancs ! » s'exclame Pauline avec un sourire radieux, aussi vivant que l'esprit de cette maison qui ne renvoie en rien à un showroom aseptisé. Elle est le doux reflet de l'âme de la famille qui y vit. 





Comme Agatha Christie a pu le dire pour décrire l'un de ses mythiques intérieurs, théâtre d'intrigues policières : « Les pièces respiraient le confort. » J'ajouterais à ce constat pour la maison de Pauline et Yoanick que les pièces respiraient la charmante saveur d'un cottage anglais, l'atmosphère cosy d'une élégante maison normande et la poésie d'une décoration actuelledélicieusement désuète et romantique. Une maison de famille digne de ce nom. Je laisserai Charles Baudelaire clore la louange de cette visite. 

« Pour moi, le romantisme est l'expression la plus récente, la plus actuelle du beau. »











Commentaires

  1. J'aime beaucoup, beaucoup l'ambiance de cette demeure 💚
    Encore un bravo pour cet article Gisèle 😊

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  2. Laurence du Tilly19 novembre 2022 à 01:18

    Merci pour la visite 😉

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