Acte II : Le Petit Vincent, bistronomiquement vôtre...




 Je connaissais le Petit Prince, le p'tit Nicolas, le petit Robert mais pas le Petit Vincent. Grossière erreur!
Je me dois de vous le présenter. Il est né dans la Citadelle de Bastia, au 1 rue du Dragon, en contre-bas d'une ruelle, face à la mer. Très discret, il attire l'œil toutefois par sa singularité et sa simplicité. Frère cadet du "Grand Vincent", sis non loin de lui au 12 rue Saint Michel, il souhaite très vite se faire un nom et s'émanciper. Discret, il se fait remarquer par sa modernité et son côté branché qui n'est pas pour me déplaire. Je dois avouer sans rougir qu'il est particulièrement séduisant. 



  Oui, ce restaurant est séduisant! Pas forcément par sa façade modeste et typiquement bastiaise mais par son jardin et sa terrasse intimistes. 
  Je me risque à franchir le petit portillon : à ma gauche, un banc vintage acidulé accompagné d'une table bistrot; à droite un vieux lit en fer d'antan et un potager aromatisé par les embruns maritimes. 












Puis sur une terrasse légèrement surélevée, seules quelques tables occupent fièrement l'espace. On se croirait presque chez un particulier. 








Et puis la vue, la vue et encore la vue. Epoustouflante et bluffante à 180° sur le vieux port et l'embarcadère des ferrys.











  A ce moment précis, je croise les doigts et espère. J'espère en m'adressant au jeune serveur que je vais avoir la chance d'avoir une table pour le déjeuner. Il me faut encore patienter quelques interminables secondes pour obtenir le Saint Graal : la permission de m'asseoir et de déposer mon sac. C'est idiot mais à cet instant précis, je me sens privilégiée comme si je venais d'obtenir la dernière place d'un spectacle couru par le tout Paris! En outre, je ne peux m'empêcher de jalouser cette femme qui a obtenu la place en solo, accolée au muret, en tête à tête avec l'horizon… Mon regard se perd à mon tour dans le bleu de la mer et du ciel. J'ai du mal à me concentrer sur la carte. 

Pourtant elle fait autant rêver que le paysage : en entrée, ceviche d'espadon, lait de coco yuzu et kiwi; saint-jacques snackées vanille et crème de petits pois; Focaccia taleggio, poire et coppa.





 Les plats n'ont rien à envier aux entrées et sentent bon la mer, la Corse ou l'ailleurs : Tataki de thon aux saveurs d'Asie, carry d'espadon, riz aux amandes et citron vert ou enfin les traditionnelles tagliatelles aux gambas.



  L'air est frais sur cette terrasse mais tous les produits issus de la pêche et du marché le sont également. La vaisselle, les couverts, les sets de table effet "carreaux de ciment" sont charmants et cela ne gâche rien.





  Le service est agréable, le serveur originaire de Nouvelle Calédonie efficace et dans l'air du temps. Et si vous n'avez pas ma chance d'avoir une table outdoor, l'intérieur est aussi cosy que le jardinet. Le ton est donné dès l'entrée. Un mur en pierre et en zélige noir définit ce bistrot comme une sorte d'oxymore : une tradition actuelle.





 

 La salle se trouve à l'étage. Un bleu profond impose une ambiance feutrée. Rien n'est grand mais tout est charmant. 









 

Le mobilier dépareillé alterne entre vieille chaise de bistrot en bois, chaises de jardin et chaises Tolix. Les objets disparates et colorés vitaminent les étagères. Le vieux parquet grince, les ampoules à filament réchauffent, la vue donne le vertige. 






  Comme vous l'aurez compris, je vous recommande vivement le bistrot "Le Petit Vincent", havre de paix bistronomique où chaque détail simple compte, surtout le goût. Comme le disait ce cher Léonard de Vinci : "La simplicité est la sophistication suprême". Moi je dis simplement merci au jeune chef Ludovic Rodaro d'avoir donné un petit frère prometteur à l'établissement "Chez Vincent". Je fais la promesse de retourner à Bastia pour goûter à la cuisine de l'aîné de la famille.





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